OSLO (AFP), le 13-09-2004
Les substances chimiques d'origine humaine affaiblissent le système immunitaire et les capacités de reproduction des ours polaires, déjà menacés par le réchauffement de l'atmosphère, a annoncé lundi le Fonds mondial pour la nature (WWF), citant de nouveaux travaux en la matière.
"Trois nouvelles études scientifiques montrent que les changements biologiques des systèmes hormonaux et immunitaires des ours polaires sont liés aux niveaux élevés de substances toxiques dans leur corps", a indiqué le WWF dans un communiqué.
Sont plus particulièrement incriminés les PCB (polychlorobiphényles), produits industriels interdits dans les années 1980 mais encore massivement présents dans l'eau, la glace ou le sol, et les pesticides fabriqués et utilisés à des milliers de kilomètres de l'Arctique mais qui se déposent dans la région par le jeu des courants marins et atmosphériques.
"La plupart des ours polaires ont des centaines de produits chimiques d'origine humaine dans leur corps et ils n'ont jamais développé de mécanismes susceptibles de les traiter", a souligné le Dr Andrew Derocher, qui a participé aux différents travaux.
Parmi les ours étudiés au Canada et dans l'archipel norvégien du Svalbard, les chercheurs ont trouvé une corrélation négative entre la densité de PCB et de pesticides retrouvés dans l'organisme et le nombre d'anticorps dans le sang.
La même équation a été retrouvée entre les produits toxiques et certains types d'hormones.
Les ours deviennent par conséquent plus vulnérables aux infections alors que leur développement, leur comportement et leurs capacités de reproduction ressortent altérées.
Ces dernières années ont ainsi vu l'apparition d'ourses "pseudo hermaphrodites", des femelles dont les organes sexuels sont devenus si protubérants qu'ils ressemblent à des pénis.
"Il est crucial d'empêcher que les produits toxiques de nouvelle génération s'accumulent et polluent l'environnement", a conclu Brettania Walker, responsable du programme arctique du WWF, en lançant un appel à réaliser davantage de tests sur la nocivité potentielle des nouvelles substances.
Selon l'organisation, cela est d'autant plus crucial que les quelque 22.000 ours polaires établis dans l'Arctique sont déjà victimes du réchauffement de la planète qui se manifeste par la fonte de la banquise, zone d'habitat et terrain de chasse de prédilection du mammifère.